Camping Municipal de l’Espiguette : trois petits tours et puis s’en va !

Camping

Bâtir sa stratégie et justifier son action en dénigrant la gestion de son prédécesseur est un usage courant dans la vie publique. C’est bien l’exercice dans lequel le Directeur de Station du Grau du Roi a excellé durant les 3 dernières années. Il ne manquera certainement pas de nous s’y plier une nouvelle fois lors d’une dernière présentation en Conseil Municipal avec force de graphiques, de tableaux et de bons mots. La logorrhée verbale de ce bon acteur a en séduit plus d’un. Au demeurant, le dossier « Tourisme » dont il avait la charge au travers du camping municipal et de l’office du tourisme, mérite quelques décryptages avant son départ.

Restant entendu que la gestion « de bon père de famille » conduite par l’ancien directeur aurait pu être perfectible, on a appris que la renégociation des emprunts de la SEM du Camping de l’Espiguette est en cours avec une possibilité de gain total sur la période 2017-2025 de 64 377 € (soit environ 9 000 € par an). Parfait, même s’il n’y a pas de quoi sauter au plafond !

En revanche, il est peu scrupuleux d’annoncer en Conseil d’Administration que l’ancien Directeur du Camping ait acquis sans « réelle » mise en concurrence, 400 chalets pour un montant de 10 millions d’euros entre 2001 et 2013. Il faut savoir qu’une SEM, telle que celle qui régissait le Camping de l’Espiguette, ne percevait aucune subvention publique et n’était donc à l’époque pas soumise au Code des Marchés Publics. Seuls trois devis de fournisseurs suffisaient pour se déterminer. D’ailleurs, la Chambre Régionale des Comptes n’aurait certainement pas omis de mentionner ce dysfonctionnement dans son rapport si le cadre légal n’avait pas été respecté. Cela étant, on peut raisonnablement regretter qu’aucune autre consultation n’ait été menée pendant ces 14 ans et on peut être surpris que cette connivence commerciale n’ait jamais été remise en cause durant la période. Mais que faisaient donc les élus de l’opposition, au premier rang duquel figurait Monsieur le Maire, pendant toutes ces années ?

Apprendre la passation d’un marché de 500 000 € annuels pour la société de gardiennage du camping depuis 2008 sans mise en concurrence peut également étonner mais encore une fois, la SEM du Camping de l’Espiguette n’était pas soumise au Code des Marchés Publics. Juridiquement, rien à redire même si déontologiquement d’autres consultations auraient pu être engagées afin de s’assurer que les montants de prestations se situaient dans les prix du marché.  Mais que faisaient donc les élus de l’opposition pendant toutes ces années ?

En 2016, le résultat d’exploitation est annoncé en progression de 611 000 € pour la SEM Le Grau du Roi Développement : un bon point pour la nouvelle direction mais n’oublions que la Mairie a versé 525 000 € à l’occasion du transfert des services de l’Office du Tourisme vers la SEM.

Ces trois exemples illustrent le mode de fonctionnement d’un Directeur qui s’est posé avant tout comme un gestionnaire et non pas en animateur d’une station qui perd chaque année un peu plus en attractivité. Pas assez de budget, pas assez de liberté d’action, on ne connaîtra probablement jamais les vraies raisons de ce départ, ô combien prévisible, annoncé (hasard du calendrier) le jour du vote du budget de la Commune.

Le Cercle du Grau souhaite que le prochain directeur (trice) de la station presse un peu plus « le jus de cervelle » plutôt que n’actionne le « robinet à finances » pour offrir à la Ville de vrais événements et constituer un réseau de professionnels du tourisme tout à fait capables de répondre aux attentes des vacanciers.

Lets’ « Grau » to the mountains (le directeur de station repartant vers les montagnes) !

Le 19 avril 2017

Un commentaire sur “Camping Municipal de l’Espiguette : trois petits tours et puis s’en va !

  1. Bonjour,
    En tant que Directeur Station, j’essaie de rester en retrait de toute polémique politique.
    Néanmoins, quand les propos faussent trop la réalité, il faut éclairer les faits.
    Voici donc en 4 points:

    – En 2 ans et demi d’activité au Grau du Roi Port Camargue, je n’ai jamais remis en cause personnellement l’ancien directeur du camping. Et pour cause. Tout comme moi, c’est un technicien. Nous sommes nommés par des élus, répondons à leurs demandes et agissons sous leur contrôle par le biais d’un Conseil d’Administration. Donc si une responsabilité devait être recherchée, ce ne serait certainement pas celle du directeur.
    Je n’ai jamais dénigré l’ancien directeur. L’action que je mène, succède à la sienne. C’est une évolution des pratiques. Car cela ne vous aura pas échappé les temps changent.

    – Renégocier, durant 6 mois, les emprunts contractés pendant des années, pour obtenir une remise globale
    de 64 000 € n’est certes pas un résultat fabuleux. Encore fallait-il y penser et le faire.
    Ensuite, le résultat aurait été meilleur si au moment de contracter ces emprunts, différentes banques avaient été mises en concurrence. Au lieu de ça depuis toujours, le camping travaillait avec une seule banque. Ce qui a permis à celle-ci de pratiquer des taux d’intérêts élevés, et de prévoir des pénalités très fortes en cas de rachat des prêts, 200 000 € dans notre cas.
    Le montage financier du rachat était donc difficilement viable. Dans ce contexte, les 6 banques qui ont travaillé ce dossier pensent que 64 000 € d’économies est un bon résultat.

    – Quitte à diffuser des informations issues d’un Conseil d’Administration, autant le faire en totalité. Cela évite les erreurs.
    Une SEM n’est certes pas soumise au Code des Marchés Publiques pour le choix de ses fournisseurs.
    Mais depuis de très nombreuses années, la loi exige une mise en concurrence pour les marchés dépassant un certain montant financier. Qu’il y est versement d’une subvention d’argent publique, ou non, ne change rien. La transparence est une exigence. Cette règle aurait du s’appliquer tant pour le marché des chalets, que celui de la société de sécurité.
    La Chambre Régionale des Comptes a bien relevé cette irrégularité, parmi d’autres, dans son rapport de mars 2012, point 4.2.3 pages 15 et 16, ainsi que dans sa synthèse et sa conclusion.
    On peut également rappelé qu’un administrateur de la SEM du Camping avait demandé une enquête quant aux conditions d’attribution du marché des chalets locatifs.
    Ce qui est surprenant, c’est que ces informations connues des administrateurs n’apparaissent pas ici.
    Plus étonnant encore, ces mêmes extraits du rapport de la Chambre Régionale des Comptes ont été édités dans le document du Conseil d’Administration du 23 décembre 2016.
    Oubli ou volonté d’arranger la vérité ?

    – Sur la partie financière, en 2016, les produits ont augmenté de +16% pour la SEM, soit + 1.06 million d’euros. 525 000 €, la moitié, proviennent bien de la subvention tourisme.
    Mais les charges de l’office de tourisme ont aussi été transférées à la SEM. Et un office de tourisme n’est pas réputé pour rapporter de l’argent. Il suffit de regarder les bilans passés pour s’en convaincre. Les charges sont supérieures aux recettes.
    Or le résultat est précisément la différence entre produits et charges.
    La hausse du résultat n’est donc pas à expliquer par l’adjonction de l’office de tourisme, qui est une charge, mais bien par la commercialisation et la rationalisation des dépenses.
    Il est dommage qu’à ce niveau de responsabilités, des élus avertis confondent résultat et recettes….

    L’article était trop bien écrit pour que tant d’erreurs et d’oublis aient été le fait du hasard.
    La mauvaise foi et le détournement partisan de la vérité sont gênants.
    Je n’avais jamais réagi aux différents billets. Je ne continuerai pas.
    Je laisse les chiffres parler. Ils sont solides.

    En souhaitant le meilleur au Grau du Roi Port Camargue.
    Sébastien Mérignargues

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